Nous avons rencontré Tân lors d’une fête funéraire. Au Vietnam, les anniversaires de mort sont fêtés chaque année. Il n’est pas rare de croiser dans la rue de grands banquets organisés en souvenir du défunt. Ce sont généralement des fêtes assez joyeuses. Tân nous a d’abord invité à trinquer à sa table et puis a insisté pour que nous restions dîner. Tân est très chaleureux et même si nous ne parlons pas la même langue nous arrivons quand même à échanger grâce à la présence de Paul, un français d’origine vietnamienne. Tân est coiffeur et travaille dans son propre salon avec sa femme. Le lendemain soir, il nous invite à dîner dans un restaurant de barbecue. Nous le rejoignons lui est ses amis pour un véritable festin. Nous dînons avec le mécanicien, le vendeur de vêtements et Paul le bijoutier ! Tous sont voisins et se retrouvent souvent le soir pour faire la fête. Tân nous parle de son désir de venir en France pour rejoindre son fils de 16 ans, partis il y a 6 ans vivre avec sa tante à Aix-en-Provence. L’œil triste, Tân nous dit que son fils lui manque beaucoup et que bientôt il le rejoindra. Nous lui laissons notre contact. Qui sait nous le reverrons peut-être à Paris ! Dimanche matin nous avons rendez-vous à 7h00 pour prendre le café. C’est un moment important que tout vietnamien prend le temps de savourer. Nous dégustons ainsi notre dernier café vietnamien en compagnie de Tân et de son voisin.
Aujourd’hui le portrait de Paul
Nous avons rencontré Paul en même temps que Tân, malheureusement quand j’ai voulu faire son portrait je me suis aperçue que ma carte SD était cassée. Donc voici le premier portrait sans photo. Paul est sympathique, bavard et prend soin de son look. Il parle un français approximatif avec un léger accent du sud. Paul à quitté le Vietnam à l’âge de 19 ans pour n’y revenir que 35 ans plus tard. Né d’un père corse et d’une mère vietnamienne, il est grand, très mince et se teint les cheveux en blond. En France, il a longtemps travaillé dans l’hôtellerie. Il y a 3 ans, Paul a décidé de s’installer au Vietnam et d’y monter une petite affaire avec sa femme Monique, elle aussi franco-vietnamienne. C’est ainsi qu’ils ont ouvert une grande bijouterie dans l’artère principale de Tay Ninh. Paul et Monique sont déjà grands-parents. Leurs deux enfants sont restés en France et viennent souvent leur rendre visite. Pour Paul et Monique, la vie est plus simple et plus confortable au Vietnam. Ils ne regrettent pas leur choix et affirment prendre plaisir aux petites joies du quotidien comme les soirées entre amis.
Aujourd’hui le portrait d’Odé Sisenglath
Odé est laotien, il a 19 ans et sera bientôt moine. Il vit dans un monastère du Sayabouli. Bavard mais timide, il parle anglais et nous interpelle rapidement lorsque nous franchissons les portes du temple ou il habite. Dans le Sayabouli, les jeunes moines bouddhistes sont très loquaces et se plaisent à pratiquer leur anglais avec les rares touristes qui passent par là. Odé est originaire de Paklay, une petite ville au sud du Sayabouli. Il a un jeune frère qui vit toujours avec ses deux parents. Il y a 2 ans, Odé a quitté ses parents et s’est installé au temple Sichansayaram pour y commencer ses études de moine. Tous les matins Odé part collecter, avec les autres moines et novices, la nourriture qui leur servira pour le petit-déjeuner. Ils collectent du riz gluant déjà cuit mais également des barres chocolatés. Odé est très gourmand et même si officiellement il n’a pas le droit de manger après 12h, il lui arrive de grignoter à l’abri des regards indiscrets. Après la collecte, Odé part étudier dans un temple voisin. Il apprend les écritures bouddhistes (Dharma et Pali), la politique, l’anglais et la sécurité routière ! Le soir, il prend des cours d’Anglais au Training Center. Lorsque nous le rencontrons pour la deuxième fois, il nous propose de l’y accompagner. Nous arrivons en plein cours d’anglais, une dizaine d’enfants âgés d’environ 10 ans nous accueillent par un « Hello » tout sourire. La maîtresse nous salue et nous apporte aussitôt deux chaises et deux verres d’eau. Nous nous installons au fond de la classe avec Odé qui continue de bavarder tout haut pendant le cours ! Le lendemain nous repassons au temple comme convenu. Odé, Mo et Ting nous attendent pour confectionner balles et étoiles en feuilles de cocotier. Ils nous invitent à nous assoir et nous apportent aussitôt un verre d’eau et des gourmandises. Odé m’avait dit la veille qu’un vieux du village lui avait enseigné quelques mots de français et qu’il aimerait beaucoup apprendre la langue. Je lui apporte donc un cahier que j’ai remplis avec des mots de français et leur traduction en anglais. Nous bavardons, parcourons le cahier et rigolons des prononciations des uns et des autres tout en tentant de réaliser ces petits objets en feuilles de cocotier. Et ce n’est pas facile ! Dans deux jours c’est Bun (fête), Odé nous convie avec excitation au temple pour les festivités.
Aujourd’hui le portrait de Mo Vongboundy
Mo est novice au temple de Sichansayaram. Il est originaire de Sayabouly, la capitale de la province éponyme. Mo a 18 ans et dans deux ans il sera moine. Tout novice qui a bien suivi l’école bouddhiste devient automatiquement moine lorsqu’il atteint les 20 ans. En laotien, Mo signifie « casserole », ce qui fait bien rire les autres moines et novices lorsqu’il se présente à nous. Mo ne sait pas encore s’il restera moine toute sa vie, il a peut-être envie de devenir policier ! Il est l’aîné de sa famille et a un frère de 6 ans et une sœur de 10 ans. Il apprend l’anglais avec Odé au Training Center et se fait une joie de nous interroger sur certains mots afin d’enrichir son vocabulaire. Il aime également apprendre quelques mots de français au passage. Mo est gai et bavard, il parle avec les mains (comme un rappeur) et pousse souvent de petits cris étouffés lorsqu’il rit. Quand nous les suivons lui et Odé, c’est souvent lui qui prend la parole pour nous informer de la suite du programme ou nous demander s’ils peuvent se joindre à nous pour telle ou telle activités. Et quand nous partons en excursion tous ensembles près du réservoir de Nam Tien, dans l’idée de profiter de la nature et de découvrir l’arbre de Bouddha, Mo est très enthousiaste et nous indique avec excitation que c’est la première fois qu’il se rend ici et là. Comme nous n’avons jamais gouté au mok de fourmis (larves de fourmis cuites dans une feuille de bananier), nous l’interrogeons sur la manière de cuisiner ce drôle de met. Mo propose d’aller en acheter ensemble au marché et de le cuisiner ensemble chez lui car sa famille habite à quelques mètres du temple. Si nous ne trouvons point de mok, Mo nous invite quand même chez lui. Sa maman arrive rapidement et nous offre un verre de bière. Sa grand-mère est là et nous regarde avec attention avant de s’approcher et de nous dire en laotien « il faut revenir me voir la prochaine fois que vous venez à Sayabouly ». Après un verre, Mo nous fait visiter son jardin où nous découvrons d’étranges fruits. Ravis de l’invitation nous repartons ensemble vers le temple.
Aujourd’hui le Portrait de Mot
Nous avons rencontré Mot, prononcez Mote, dans le mini bus au départ de Kratie direction Sen Monorom. Mot nous a tout de suite interpelés en Anglais puis en Français par un « C’est de la bombe baby » et un « Ca caille ». Mot parle quelque mot de français car son amie, Virginie dont il porte le surnom « ViVi » gravé sur une plaque argentée autour cou, est française. Si Mot s’est rendu à Kratie c’est pour faire réparer sa moto cross et pour voir une partie de sa famille. Son problème n’étant pas réglé, Mot repare en minibus en harnachant sa moto à l’arrière du bus entre les poulets et les sacs de riz. Lorsque le bus est enfin prêt à partir, Mot demande au chauffeur de s’arrêter devant un stand de Krolann, la spécialité de la région, car il veut absolument en rapporter à sa mère. Très bavard, voir surexcité, Mot nous apprend beaucoup de choses pendant ces quelques heures de bus. Mot à trente ans, il est guide touristique dans le Mondolkiri, il y organise des treks et des randonnées à dos d’éléphants. Sa famille est originaire de la région. C’est lors d’une de ses randonnées, il y a un an, qu’il a rencontré Virginie. En voyage au Cambodge elle a décidé de rester et ensemble ils gèrent un petit bar convivial. Mot est très fier d’y passer de la musique occidentale et d’y avoir fait installer le WIFI, il nous demande si nous connaissons Bob Marley ! Si Mot est torse nu sur la photo c’est parce qu’il pratique la musculation. Pour cela il a lui-même fabriqué ses altères, avec un bambou et du béton coulé, et sa table de musculation. Sur le buste, Mot à plusieurs symboles bouddhiste tatoués. Il s’agit de motifs protecteurs que beaucoup de khmères arborent. Dès notre arrivée à Sen Monorom, Mot appelle Virginie qui nous emmène en voiture dans l’un des hôtels bon marché de la bourgade. En fin d’après-midi, nous allons prendre un verre dans leur petit bar. Si vous passez un jour par Sen Monorom arrêtez-vous au Gecko Bar, vous y ferez surement des rencontres.
Aujourd’hui le portrait de LuJiang Xiou
Jiang Xiou possède une pension dans le charmant petit quartier de Siming à Xiamen où nous séjournons quelques jours. Lu est son nom de famille, et Jiang Xiou, son prénom. Comme beaucoup de jeunes chinois, elle a également un prénom occidental : Chantal. Le premier soir, Chantal nous amène dans une petite cantine chinoise près de la maison ; après nous avoir aidé à commander, elle demande à ce que l’addition soit préparée devant elle afin de nous éviter tout problème. Chantal est d’une gentillesse incroyable et toujours disponible pour ses hôtes. Nous décidons de passer Noël ici, dans un cadre fort chaleureux : notre chambre, avec balcon et grande mezzanine, est décorée à la japonaise. Ce soir là, Chantal frappe à notre porte et nous offre un petit cadeau : un décapsuleur en forme de masque chinois. Sans doute pensait-elle que cela pourrait nous aider à ouvrir la bouteille que nous avions déposée dans son frigidaire mais c’était du champagne ! Lors de notre excursion sur les terres hakkas, Chantal nous envoie un mail pour nous signifier l’oubli d’un casque audio dans notre chambre. Nous le récupérons en repassant à Xiamen pour une nuit avant d’aller à Hangzhou, destination pour laquelle Chantal nous a réservé les billets de train. Toujours aux petits soins pour nous, elle a vraiment facilité notre voyage pendant quelques jours. Chantal a déjà beaucoup voyagé en Chine et s’est établie dans plusieurs régions avant d’ouvrir sa pension il y a un an et demi. Du Sichuan elle est passée par Shenzen et Shanghai où elle travaillait dans l’import-export. L’an prochain Chantal prévoit un voyage d’un mois en Europe. Nous lui proposons de garder contact et de la revoir en France.
Aujourd’hui le portrait de Pingping
Pingping est notre hôte à la pension Lao Zhai de Xinping. Agée d’une trentaine d’années c’est une femme très sympathique qui rit beaucoup. Elle parle quelques mots d’anglais et cela suffit pour pouvoir communiquer ensemble. Pingping est mariée à un artiste japonais plus âgé qu’elle. Ils ont un fils qui parle parfaitement le chinois et le japonais. Chaque jour Pingping prend son vélo et part faire ses courses au centre ville. La cuisine est accolée à la maison comme un atelier de bricolage et le soir quand nous rentrons nous y voyons souvent Pingping s’y affairer. Elle cuisine aussi bien des plats chinois que japonais que son fils dévore le midi lorsqu’il rentre manger après l’école. Pour louer des vélos nous nous renseignons auprès de Pingping qui tient à nous accompagner afin d’en négocier le prix. Pingping est très attentive, elle attend toujours notre retour derrière son ordinateur et s’enquiert de nos activités du jour. Nous lui racontons nos journée et nous avons toujours quelques questions pour elle.
Aujourd’hui le portrait de Xu He
Xu He (prononcer Chou Ré) est le futur mari de Guo Rong notre amie chinoise de Berlin. Xu est le nom de famille de son père et He celui de sa mère. Il vit à Chengdu depuis toujours. Aujourd’hui, il est ingénieur et travaille à la conception des avions de chasse chinois. Son travail est confidentiel et Xu He n’a pas le droit de sortir de Chine sauf autorisation spéciale. Il vit chez ses parents dans un grand appartement situé sur un campus universitaire. Même si ses parents sont adorables, il dit avoir hâte de quitter le cocon familial pour s’installer dans son propre appartement. Xu He travaille beaucoup, il part à 7h45 et rentre souvent vers 20h30. Il aime beaucoup jouer aux jeux vidéo et au football. Avec ses collègues de bureau il forme une équipe et rencontrent d’autres équipes le dimanche. Xu He est un véritable gourmand. Lorsque nous sortons ensemble, il nous propose toujours de grignoter un petit quelque chose en route. Il est très friand de têtes de lapin et admet que même si c’est délicieux, ces amis étaient plutôt timorés à l’idée d’en manger au début. Xu He ne semble avoir aucun tabou alimentaire, il mange volontiers de la tortue, des pattes de canard, du serpent… Plus tard Xu He aimerait ouvrir un restaurant, mais pas pour être derrière les fourneaux !
Aujourd’hui le portrait de Guo PengYu
Guo PengYu est très connu dans le quartier. Lorsque nous sortons ensemble, il s’arrête constamment pour serre rdes poignées de main ou discuter brièvement. Il fume beaucoup et nous offre des cigarettes à chaque occasion. C’est un bon vivant. Il aime manger et faire« tchin-tchin », comme il se plaît à le dire en français. Il cuisine également et, dans la confection de raviolis, Guo PengYu a une technique particulière qui consiste à les fermer en le coinçant entre les pouces et les index. Guo PengYu pratique le « kung-fu chinois », chez lui comme à l’extérieur, il nous en fait souvent la démonstration. Il est l’aîné de ses deux frères qui lui témoignent souvent leur respect. Dans la famille il prend son rôle très à cœur et n’hésite pas à réprimander ses nièces quand bon lui semble. Dynamique et survolté, Guo PengYu n’est jamais à court d’idées pour nous occuper. Il nous balade, précédant toujours notre marche d’un pas assuré mais décontracté. Guo PengYu aime nous faire découvrir sa vie, son quartier, sa famille et ses amis.
Aujourd’hui le portrait de Shi JingMeiu
Shi JingMeiu habite au cinquième étage d’une cité ouvrière dans la banlieue de Xi’An avec son mari. Elle pratique la danse traditionnelle chinoise munie de foulards et d’éventails. Elle va souvent danser avec ses amies dans les parcs et places publiques. Parfois, elle participe à des spectacles. Elle cuisine beaucoup mais ne mange que très peu. En revanche, elle aime beaucoup faire manger les autres. Elle surgit régulièrement avec un petit en-cas qu’elle tend le sourire aux lèvres, et n’abaisse le bras que lorsque nous l’acceptons. C’est avec elle que nous avons appris à faire les raviolis et les brioches à la vapeur. Shi JingMeiu est frileuse, elle me montre régulièrement les trois épaisseurs de collants sous son pantalon et m’invite à mettre mes chaussons ou une veste supplémentaire. Elle a le regard expressif et le verbe haut, quand elle parle en chinois avec d’autres personnes, il est difficile de savoir si elle est en colère ou non. Shi JingMeiu est très prévenante, elle occupe souvent la place la plus inconfortable pour laisser le meilleure aux autres. Elle a notamment fait plus d’une heure de voiture avec mon énorme sac à dos entre les jambes sans accepter que je le prenne moi même.