Odé est laotien, il a 19 ans et sera bientôt moine. Il vit dans un monastère du Sayabouli. Bavard mais timide, il parle anglais et nous interpelle rapidement lorsque nous franchissons les portes du temple ou il habite. Dans le Sayabouli, les jeunes moines bouddhistes sont très loquaces et se plaisent à pratiquer leur anglais avec les rares touristes qui passent par là. Odé est originaire de Paklay, une petite ville au sud du Sayabouli. Il a un jeune frère qui vit toujours avec ses deux parents. Il y a 2 ans, Odé a quitté ses parents et s’est installé au temple Sichansayaram pour y commencer ses études de moine. Tous les matins Odé part collecter, avec les autres moines et novices, la nourriture qui leur servira pour le petit-déjeuner. Ils collectent du riz gluant déjà cuit mais également des barres chocolatés. Odé est très gourmand et même si officiellement il n’a pas le droit de manger après 12h, il lui arrive de grignoter à l’abri des regards indiscrets. Après la collecte, Odé part étudier dans un temple voisin. Il apprend les écritures bouddhistes (Dharma et Pali), la politique, l’anglais et la sécurité routière ! Le soir, il prend des cours d’Anglais au Training Center. Lorsque nous le rencontrons pour la deuxième fois, il nous propose de l’y accompagner. Nous arrivons en plein cours d’anglais, une dizaine d’enfants âgés d’environ 10 ans nous accueillent par un « Hello » tout sourire. La maîtresse nous salue et nous apporte aussitôt deux chaises et deux verres d’eau. Nous nous installons au fond de la classe avec Odé qui continue de bavarder tout haut pendant le cours ! Le lendemain nous repassons au temple comme convenu. Odé, Mo et Ting nous attendent pour confectionner balles et étoiles en feuilles de cocotier. Ils nous invitent à nous assoir et nous apportent aussitôt un verre d’eau et des gourmandises. Odé m’avait dit la veille qu’un vieux du village lui avait enseigné quelques mots de français et qu’il aimerait beaucoup apprendre la langue. Je lui apporte donc un cahier que j’ai remplis avec des mots de français et leur traduction en anglais. Nous bavardons, parcourons le cahier et rigolons des prononciations des uns et des autres tout en tentant de réaliser ces petits objets en feuilles de cocotier. Et ce n’est pas facile ! Dans deux jours c’est Bun (fête), Odé nous convie avec excitation au temple pour les festivités.
Archives mensuelles : mars 2012
Aujourd’hui le portrait de Mo Vongboundy
Mo est novice au temple de Sichansayaram. Il est originaire de Sayabouly, la capitale de la province éponyme. Mo a 18 ans et dans deux ans il sera moine. Tout novice qui a bien suivi l’école bouddhiste devient automatiquement moine lorsqu’il atteint les 20 ans. En laotien, Mo signifie « casserole », ce qui fait bien rire les autres moines et novices lorsqu’il se présente à nous. Mo ne sait pas encore s’il restera moine toute sa vie, il a peut-être envie de devenir policier ! Il est l’aîné de sa famille et a un frère de 6 ans et une sœur de 10 ans. Il apprend l’anglais avec Odé au Training Center et se fait une joie de nous interroger sur certains mots afin d’enrichir son vocabulaire. Il aime également apprendre quelques mots de français au passage. Mo est gai et bavard, il parle avec les mains (comme un rappeur) et pousse souvent de petits cris étouffés lorsqu’il rit. Quand nous les suivons lui et Odé, c’est souvent lui qui prend la parole pour nous informer de la suite du programme ou nous demander s’ils peuvent se joindre à nous pour telle ou telle activités. Et quand nous partons en excursion tous ensembles près du réservoir de Nam Tien, dans l’idée de profiter de la nature et de découvrir l’arbre de Bouddha, Mo est très enthousiaste et nous indique avec excitation que c’est la première fois qu’il se rend ici et là. Comme nous n’avons jamais gouté au mok de fourmis (larves de fourmis cuites dans une feuille de bananier), nous l’interrogeons sur la manière de cuisiner ce drôle de met. Mo propose d’aller en acheter ensemble au marché et de le cuisiner ensemble chez lui car sa famille habite à quelques mètres du temple. Si nous ne trouvons point de mok, Mo nous invite quand même chez lui. Sa maman arrive rapidement et nous offre un verre de bière. Sa grand-mère est là et nous regarde avec attention avant de s’approcher et de nous dire en laotien « il faut revenir me voir la prochaine fois que vous venez à Sayabouly ». Après un verre, Mo nous fait visiter son jardin où nous découvrons d’étranges fruits. Ravis de l’invitation nous repartons ensemble vers le temple.